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Article rédigé par Magali SAUTREUIL
 

« La rivière à l’envers : Tomek », un condensé de rêverie et de poésie !

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Mieux que n’importe quel film d’animation pour enfants, la compagnie Mad&Gus présentent en ce moment à Paris « La rivière à l’envers - Tomek ». Adaptée du roman éponyme de Jean-Claude Mourlevat, cette pièce rythmée vous fera voyager dans des contrées insoupçonnées, en compagnie de personnages attachants, le temps d’un spectacle…

 

Quelques notes de guitare suffisent à vous transporter dans la petite épicerie de Tomek, une boutique toute simple, mais où l’on trouve absolument tout et ce à n’importe quel heure et jour de l’année, sauf l’eau d’une certaine rivière… Cependant, Tomek s’ennuie. Cet orphelin de 13 ans, qui n’a connu que la quiétude de son village, aspire en effet, secrètement, à découvrir le monde par ses propres yeux, et pas seulement à travers les produits qu’il vend.

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Cette envie aurait pu rester une chimère s’il n’y avait pas eu Hannah. Cette jeune fille est le grain de sel qui manquait à la vie de Tomek. Dès l’instant où elle franchit le seuil de l’épicerie, ces deux-là, ignorant tout l’un de l’autre, y compris leur nom, tombent instantanément, complètement et définitivement amoureux.

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Seulement voilà, Tomek ne peut exaucer la requête d’Hannah, puisqu’il ne vend pas d’eau de la rivière Qjar, celle qui coule à l’envers par-delà les océans et qui empêche de mourir. À peine eut-il donc rencontré son grand amour que ce dernier menace déjà de le quitter. Prêt à braver tous les dangers pour retrouver sa bien-aimée et satisfaire sa demande, Tomek, sans plus de préparatifs, s’apprête à vivre une aventure qui l’aidera à grandir et à prendre son indépendance.

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Au cours de son voyage, il visitera des contrées lointaines et fera de nombreuses rencontres. Pourtant, sur scène, le décor est assez sommaire : des caisses en bois posées ici et là, un escabeau, quelques morceaux de tissus… Le cadre est certes simple, mais dégage une atmosphère intimiste, un charme désuet qui rappelle cet « autrefois » pas si lointain, dont on nous parle au début et à la fin de la pièce, qui continue d’être aujourd’hui et dans lequel se déroule l’histoire de Tomek. Ainsi, sans connaître l’univers de la pièce, celui-ci nous paraît déjà familier, familier et dépaysant à la fois ! En effet, malgré la simplicité du décor, le spectateur a néanmoins l’impression d’avoir parcouru le monde entier en moins d’une heure ! Avec peu de moyens, les comédiens arrivent à transformer la scène sous nos yeux ébahis. Le jeu dynamique des acteurs, les sublimes costumes, ainsi que les effets sonores et visuels maîtrisés de main de maître, contribuent à ce que la magie opère et à ce que vous retrouviez votre âme d’enfant. Comme quand vous étiez petits, vous aurez l’impression de vivre un rêve éveillé !

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Par ailleurs, la pièce semble aussi fugace qu’un songe ! Elle est aussi rythmée que le livre ! S’inspirant des chapitres courts de ce dernier, les metteurs en scène ont opté pour un nombre réduit de comédiens et de décors, afin de permettre des changements rapides et d’impulser une réelle dynamique à la pièce. Quelques moments plus calmes, souvent solennels, intimes, viennent apporter la respiration nécessaire à la compréhension de l’histoire.

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Malgré le rythme soutenu de la pièce, le roman de Jean-Claude Mourlevat n’a pu être adapté dans son intégralité. Certains passages ont été passés sous ellipse, comme celui de l’île Inexistante, sans pour autant que cela ne nuise à la narration.

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D’autres raccourcis auraient pu être évités. Par exemple, la manière dont se quitte Tomek et la joyeuse Marie aurait mérité d’être plus explicite. De même, le fait qu’Hannah porte une robe en bon état lors de sa première rencontre avec Tomek nous empêche de comprendre pourquoi Tomek s’en veut tellement d’avoir accepté son argent pour l’achat du sucre d’orge. Dans le livre, les vêtements d’Hannah sont en piteux état, ce qui donne l’impression à Tomek qu’elle n’a pas assez d’argent pour vivre et manger à sa faim. C’est pourquoi il souhaite absolument lui rendre son sou ! Enfin, les acteurs qui interprètent à la fois le grand-père Icham, l’écrivain public du village et ami de Tomek, et Eztergom, le chef du village des Parfumeurs, auraient mérité d’être vieillis. Toutefois, leur jeu parvient aisément à nous faire oublier ce petit détail. Heureusement pour nous cependant, la nudité de la sorcière décharnée de l’arc-en-ciel nous a été épargnée !

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Dans l’ensemble, l’adaptation de cette œuvre classique de la littérature jeunesse souvent étudiée à l’école réussit à nous dépeindre une belle fresque rythmée et colorée. Elle nous assure un dépaysement total, en compagnie de personnages attachants et hauts en couleur, en moins d’une heure !



Source :

https://toutelaculture.com/spectacles/jeune-public/la-riviere-a-lenvers-tomek-un-condense-de-reverie-et-de-poesie-au-melo-damelie/

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